Les Confessions
de Jean-Jacques Rousseau


     
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           Après Le sentiment des citoyens, libelle anonyme où Voltaire attaquait sa vie privée et révélait l’abandon de ses enfants, Jean-Jacques Rousseau entreprit d’écrire ses Confessions pour se justifier.

           La Première partie (livre I à VI : 1712-1741) fut rédigée entre 1765 et 1767, la Seconde partie (livres VII à XII : 1741-1765) entre 1769 et 1770.

            Au cours de l’hiver 1770-1771, Rousseau lut ses Confessions dans plusieurs salons. Mais parce qu’ils craignaient des révélations gênantes pour eux, ses « ennemis » firent interdire ces lectures.

           Les Confessions furent publiées par Paul Moultou et Pierre-Alexandre Du Peyrou, éditeurs des premières Œuvres complètes, d’après les manuscrits qu’ils possédaient. La Première partie parut en 1782, la Seconde en 1789 seulement. Mais, comme à son accoutumée, Rousseau, avait fait plusieurs copies de son texte. Dans les dernières années du XVIIIe siècle (la période de la Révolution française), trois versions alternatives des Confessions sont connues (trois manuscrits différents présentant des variantes importantes) :

  • Le Manuscrit de Neuchâtel comprend un préambule, les trois premiers livres et le début du quatrième de la Première partie. Rousseau le confia à son ami Du Peyrou en 1767. A la mort de celui-ci, en 1795, le manuscrit fut légué à la Bibliothèque de la ville de Neuchâtel.

  • Le Manuscrit de Paris, conservé par la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, est composé de deux livrets. Le premier contient les huit premiers livres, le deuxième les cinq derniers. Ce manuscrit fut remis à la Convention nationale, en 1794, par la veuve de Rousseau, Thérèse Levasseur.

  • Le Manuscrit de Genève est une réplique presque identique du manuscrit de Paris. Il a été remis à son ami Moultou par Rousseau, en mai 1778, peu avant sa mort. En 1882, les héritiers de Paul Moultou en firent don à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève.
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           Historique et caractéristiques du Manuscrit de Paris.

           Le manuscrit des Confessions, dit « Manuscrit de Paris », conservé par la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, a été remis à la Convention nationale, lors de la séance du 5 Vendémiaire An III (26 septembre 1794), par Thérèse Levasseur, veuve de Jean-Jacques Rousseau.

           Aujourd’hui encore certains détails restent flous sur les circonstances qui lui avaient permis d’en disposer de nouveau.

           Le jour même de la mort de Rousseau, le 2 Juillet 1778, le marquis René de Girardin avait en effet pris possession du manuscrit. Il apposa le cachet de Rousseau sur les deux enveloppes renfermant les deux livrets et inscrivit sur ces dernières : « Remis par Jean-Jacques Rousseau, sous son cachet, pour n’être ouvert qu’en 1801 ». Girardin entendait ainsi respecter la volonté de l’auteur de ne pas publier l’ouvrage avant le décès de toutes les personnes citées et il conserva le manuscrit jusqu’en 1794.

           Dans une lettre adressée le 6 mars 1780 à Du Peyrou, dépositaire du manuscrit de Neuchâtel, la veuve de Rousseau fait de cette journée un récit circonstancié et dramatique : Girardin aurait profité de son désarroi « pour s’emparer en marchant sur le bout des pieds » de ces manuscrits en les prenant dans le secrétaire où ils étaient gardés.

           Elle n’aurait pu rentrer en possession de ce dépôt qu’en 1794, en menaçant Girardin de le dénoncer à la Convention.

           Au terme de ses délibérations, le 5 vendémiaire, la Convention nationale décida de décacheter les deux enveloppes, d’octroyer une pension à la veuve Levasseur et de charger le Comité d’instruction publique d’établir un rapport sur le manuscrit.

            Le lendemain, 6 vendémiaire, Lakanal présenta ce rapport. Il déclara, au nom du Comité d’instruction publique, que «… ce dépôt ne renferme que le manuscrit des Confessions du philosophe genevois, mais plus correct, plus soigné que celui qui a servi à l’impression de ses œuvres. Les personnes qui, dans l’ouvrage imprimé, n’étaient désignées que par des lettres initiales, sont nommées dans ce manuscrit ».

            Dans sa séance du 23 floréal an VI (12 mai 1798), le Conseil des Cinq - Cents décida de déposer le manuscrit aux Archives nationales (le terme désignant à l’époque les « archives » des assemblées parlementaires). C’est ainsi que le manuscrit prit place dans la Bibliothèque du Corps Législatif.

           En 1798, Poinçôt, libraire à Paris, publia, pour la première fois, le Manuscrit de Paris. Cette édition en quatre volumes in-12 était assortie d’une table alphabétique des noms et des matières. Contrairement aux éditions du manuscrit de Genève des années 1782 et 1789, le texte était intégral et l’anonymat des personnes nommées était levé. Le manuscrit fut également publié en 1801 par Naigeon, Fayolle et Bancarel, in Les oeuvres de Jean - Jacques Rousseau (Didot l’aîné éditeur).

           Les caractéristiques de l’ouvrage conservé à l’Assemblée sont les suivantes : 

  • Il se compose de deux livrets in-8 reliés en carton fin et recouverts de papier marbré ou à fleurs, avec le dos en parchemin ;

  • Il a été contenu dans deux enveloppes de papier blanc sur lesquelles a été apposé le triple cachet en forme de lyre de Rousseau. A ces cachets s’ajoutent la mention de Girardin mentionnée plus haut ainsi que l’indication, d’une autre main : « Cette suscription est de Girardin ». L’ensemble est accompagné de la signature autographe du Président de séance à la Convention le 26 septembre 1794, le député Barbeau du Barran ;

  • Un étui en maroquin rouge à grain long a été ajouté par les Archives nationales, c'est-à-dire par la Bibliothèque du Corps législatif, pour protéger les deux livrets. Cet étui unique rassemble les deux manuscrits.

           Par ailleurs, on peut formuler quelques observations concernant le corps du texte :

  • En tête et à la fin de chaque livret ont été apposées, lors de l’ouverture des enveloppes, les signatures du Président de séance (Barbeau du Barran), ainsi que celles des six secrétaires siégeant à la Convention le 26 septembre 1794 (les députés Pelet, Borie, Cordier, Louchet, Lozeau, et Laporte) ; à la fin de chaque livret ces signatures sont précédées de la mention « ne varietur » et de l’indication du nombre de folios ;

  • Les folios sont presque entièrement recouverts par l’écriture de Rousseau, à l’exception d’une très petite marge du côté de la reliure ;

  • L’écriture est nette, soignée et serrée. Tourmenté par la crainte de voir son travail tomber entre les mains de ses ennemis, Rousseau aura voulu donner à son œuvre le moins de volume possible pour pouvoir aisément la transporter ou la confier à des personnes sûres ;

  • On note très peu de corrections ou de ratures ;

  • Un parterre en forme de trèfle ponctue chaque fin de livre ;

  • Il existe quelques paperoles  et quelques ajouts, ces derniers ayant été insérés en marge des livrets ;

  • Les encres diffèrent d’un volume à l’autre. Le second manuscrit a été écrit à l’encre de chine avec, selon certaines sources, une plume de corbeau.

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